Les décors principaux


Les principaux décors des faïences de Moustiers

On trouvera dans cette partie décrits les principaux décors réalisés à Moustiers. Cette liste n’est pas exhaustive, il existe d’autres décors qui, bien qu’intéressants, sont plus anecdotiques (décors « à la plume », « au papillon », « à la grenade »…).

Tous ces décors sont très généralement posés sur un bel émail brillant. La qualité de l’émail est une des caractéristiques des faïences de Moustiers.

Les décors historiés en camaïeu bleu

Pierre Ier Clérissy. Portrait visible au château de Campagne, propriété des descendants de la famille Clérissy.

Les décors historiés en camaïeu bleu sont des scènes de chasse d'après les gravures de Tempesta ou plus rarement des scènes bibliques, ornant de grands plats ronds, ovales ou bassins. L'attribution de ces décors à Moustiers repose sur deux plats signés de Gaspard Viry, peintres chez Clérissy. L'un se trouve au Musée Pastré à Marseille, l'autre au musée de Sèvres. Ces décors sont les premiers décors d'apparat qui furent réalisés à Moustiers. Ils ont été faits à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle par la manufacture Clérissy.

Le décor à la Berain

Grand plat ovale à décor Berain et médaillon mythologique, bordure de dentelles. Collection Privée.

Le décor " à la Berain " s'inspire des dessins de Jean Berain, ornemaniste de Louis XIV. Autour d'un sujet central, généralement un personnage mythologique, s'articule un réseau d'arabesques parfaitement symétrique, enrichi d'éléments architecturaux, de cariatides, de bustes et d'animaux fantastiques. Le plus souvent, ce décor est en camaïeu bleu. Moustiers a produit des décors " à la Berain " pendant toute la première moitié du XVIIIe siècle, d’abord chez Clérissy. Malheureusement, en dehors de rares pièces sorties de l'atelier d'Olérys, ces décors ne sont pas signés et comme beaucoup d'autres centres en ont produit, les erreurs d'attribution sont nombreuses. Il a été traité à Moustiers très majoritairement en camaïeu bleu, rarement en polychromie, et exceptionnellement en camaïeu jaune.

Les décors armoriés

Plat pentagonal à décor armorié et dentelles. Collection Privée.

Les décors armoriés ont été produits depuis la fin du XVIIème siècle jusqu'à la Révolution, en combinaison avec les autres décors ou comme seul ornement. Les pièces armoriées forment un ensemble important quantitativement et qualitativement. Certaines armoiries permettent grâce à leurs attributs (mariage, titres…) de dater des pièces. D’autres, appartenant à des services identifiés, permettent de valider l’attribution à Moustiers de certaines formes. Ces pièces furent d’abord traitées en camaïeu bleu chez Clérissy puis dans d’autres manufactures et enfin en polychromie par l’ensemble des fabriques.

Le décor « aux marchands »

Assiette ronde à décor aux marchands, bordure de dentelles. Collection Privée.

Le décor « aux marchands » a été créé par la manufacture Clérissy, il n’a sans doute été traité que par cette manufacture, d’abord en bleu puis en polychromie. Ce sont des pièces relativement rares. On retrouve ce décor le plus souvent sur des assiettes, exceptionnellement sur d’autres formes.

Le décor aux chinois

Plat à six accolades à décor aux chinois en camaïeu bleu. Collection privée

Le décor « aux chinois » a été introduit à Moustiers, très certainement par Clérissy vers 1735, en camaïeu bleu puis en polychromie. Ce décor a été traité par d’autres centres (Marseille, Alcora…) où il présente des caractéristiques voisines mais aussi de vraies différences. Ce décor est précurseur du décor aux grotesques.

Le décor « aux fleurs de solanée »

Assiette à décor polychrome de fleurs de «solanée». Collection Privée.

Le décor " aux fleurs de Solanée " comporte des bouquets symétriques de trois ou quatre fleurs se répétant en alternance avec des fleurettes sur l'aile des assiettes et des plats ou sur les pièces de forme, entourant un bouquet plus grand asymétrique. Il ne s'agit pas de fleurs de pommes de terre comme on l'avait d'abord cru mais de fleurs imaginaires. Réalisé le plus souvent en polychromie, ce décor a été produit en grande quantité dans les années 1740-1760. Plus tard il a continué à être largement utilisé essentiellement en camaïeu jaune.

Le décor « aux guirlandes »

Plateau rond à décor de guirlandes et médaillon. Collection Privée.

Le décor " aux guirlandes " se caractérise par la succession sur l'aile, parfois en camaïeu jaune, le plus souvent en polychromie, de guirlandes de fleurs très finement dessinées. Le centre de la pièce est orné d'une fleur ou d'un médaillon à décor mythologique. Dans les années 1740-1750, le médaillon est souvent réalisé avec beaucoup de minutie. Ultérieurement le dessin se relâche.

Le décor aux grotesques

Plateau rond à décor de personnages grotesques. Collection Privée.

Le décor " aux grotesques " est le plus original. Créé par Olérys à son retour d 'Alcora, il représente l'évolution du décor aux chinois utilisé dans la fabrique espagnole et à Moustiers chez Clérissy. Réalisé en camaïeu ou en polychromie, il comporte de petits personnages burlesques ou des animaux souvent fantastiques disposés sur des terrasses, entourés de motifs floraux. Ce décor aura une grande longévité mais sa qualité se dégradera progressivement pour arriver au décor dit " de Beaucaire " qui n'est que l'ombre des productions initiales.

Le décor rocaille

Assiette à décor « aux drapeaux » sur fond d’émail jaune. Collection Privée.

Le décor rocaille est défini par la présence d'ornements tourmentés qui remplacent les guirlandes. Ils entourent le plus souvent des trophées : drapeaux, tambours et autres attributs guerriers, d'où le nom de " décor aux drapeaux " qui lui est souvent donné. La polychromie est habituelle bien qu'il existe des pièces en camaïeu. Ce décor a été réalisé après 1750.

Le décor aux fleurs naturelles

Assiette à décor aux fleurs naturelles. Collection Privée.

Le décor aux fleurs naturelles a longtemps été attribué à Montpellier ou à Marseille. Il est composé de fleurs polychromes disposées en petits bouquets. Il a été utilisé à la fin du XVIIIe siècle.

Les décors en « petit feu »

Saucière à décor de paysage, petit feu. Musée de Moustiers.

Les décors au petit feu furent la spécialité des frères Louis et Jean Baptiste Ferrat, faïenciers à partir de 1764. Toutefois, il est vraisemblable que le petit feu fut introduit à Moustiers quelques années auparavant. D'autre part, les frères Ferrat ne furent pas les seuls à utiliser le petit feu. Ainsi Joseph Fouque et son fils Gaspard ont signé des décors de petit feu. En camaïeu vert ou en polychromie, on trouve des chinois, des oiseaux branchés, des paysages ou des fleurs. Varages a produit des faïences au petit feu de même décor et de même forme, difficile à distinguer des productions de Moustiers.

Les décors « genre Féraud »

Corps de Bouquetière à décor mythologique polychrome attribué à Féraud. Musée de Moustiers.

Les décors de grand feu en polychromie douce, attribués à Féraud, qui en a signé quelques-uns, utilisent des couleurs plus claires, en particulier un vert tendre caractéristique. Ils représentent des scènes animées, généralement mythologiques. C'est un décor de la fin du XVIIIe siècle.

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